La sonde et La taille by Laurent Mantese

Auteur:Laurent Mantese [Laurent Mantese]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantasy
Éditeur: Albin Michel
Publié: 2024-05-15T00:00:00+00:00

Ce fut le froid, descendu du cadre brisé de la fenêtre, qui l’éveilla. Il émergea de son inconscience avec beaucoup de difficulté, les yeux embués par la fatigue, les membres lourds, l’estomac noué par des douleurs affreuses. Péniblement, il se redressa sur les coudes, voulut se relever, mais il sentit aussitôt, au mouvement de contraction de son aine, une brûlure atroce traverser sa verge de part en part ; une envie d’uriner, aussi impérieuse qu’incontrôlable, le jeta sur le côté : il urina sur lui comme un vieux chien malade, incapable d’enlever ses braies, les mâchoires crispées par la souffrance ; quand enfin le jet douloureux s’interrompit, une nouvelle envie, plus apaisée celle-là, lui secoua les flancs. Il parvint à se relever à demi, abaissa ses braies, en extirpa sa verge lourde et grise, et constata qu’il expulsait un mélange de pisse et de sang.

Il dut attendre un long moment avant de pouvoir se lever. Combien de temps avait-il dormi ? Chancelant, il regarda par la fenêtre ; au-dehors, la température, comme le soleil, avait considérablement baissé, annonçant la nuit proche. Se maudissant d’avoir perdu tant de temps, il reprenait peu à peu ses esprits.

Il savait parfaitement où il se trouvait. L’étroit couloir de pierres humides et noires dans lequel il avait pénétré quelques heures plus tôt et dont la voûte écrasante le contraignait à se tenir courbé menait en ligne droite, au bout d’une centaine de pieds environ et dans l’obscurité la plus totale, à quatre autres galeries dérobées : la première, après avoir suivi les angles capricieux d’un escalier de pierre biscornu, aboutissait, deux étages plus bas, à l’un des piliers centraux de la salle du Conseil, depuis l’intérieur duquel il pouvait observer sans être vu ; la deuxième, par un cercle assez pénible à franchir parce qu’il suivait le tracé des remparts, ramenait aux appartements royaux en passant par les cuisines ; la troisième enfin conduisait, là aussi par un système complexe d’escaliers labyrinthiques, directement dans la cour centrale, non loin du voisinage des étables et des écuries. Dans ces trois premiers cas, une porte secrète permettait de s’extraire discrètement de ces entrailles ténébreuses et de se retrouver à l’air libre, dans la citadelle elle-même. Quant à la quatrième galerie… elle plongeait, avaient dit les officiers de Conan qui s’étaient risqués dans ses flancs, immédiatement en ligne droite dans les profondeurs de la citadelle, bien en dessous du niveau du sol, mais lui et ses hommes ne l’avaient empruntée qu’une seule fois depuis leur prise de possession de la citadelle abandonnée, quelque trente ans plus tôt, car elle était constituée d’un lacis piégeux de dégagements et de corridors secondaires, dangereux et peu engageants, où de surcroît l’air était chargé d’une humidité malsaine. Son boyau de pierre central, plus vieux que les vies de mille hommes mises bout à bout, menait pourtant, après une longue marche, à la partie la plus septentrionale de la citadelle, loin déjà dans les profondeurs boisées de la forêt, et représentait ainsi la seule possibilité de sortie.

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